Le 9 décembre dernier, le directeur et professeur du Département de finance de l’ESG UQAM Maher Kooli a échangé avec l’entrepreneur Luc Filiatreault, président et chef de la direction de mdf commerce, sur les défis qu’affrontent les entreprises depuis le début de la pandémie de COVID-19. Ce webinaire était organisé en reconnaissance de la générosité de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et de la Bourse de Montréal envers la Chaire Caisse de dépôt et placement du Québec de gestion de portefeuille, dont Maher Kooli est titulaire, et la Salle des marchés.
Luc Filiatreault a commencé par aborder les défis révélés par la pandémie pour son entreprise, qui a continué de prendre de l’expansion. « Nous avons embauché près de 125 personnes depuis mars et nous avons dû adapter nos modes de gestion et de communication, a-t-il expliqué. À distance, l’intégration des nouvelles ressources est un grand défi. »
Pour les deux intervenants, il est évident que le monde des affaires ne sera plus le même après la COVID-19, surtout en ce qui a trait au financement des entreprises. Maher Kooli a souligné que peu d’entreprises québécoises sont inscrites en bourse – elles représentent à peine 7 % des entreprises canadiennes en bourse. Selon Luc Filiatreault, l’inscription en bourse (IPO) implique des projets de croissance agressifs, incompatibles avec la tendance de plusieurs entrepreneurs d’ici à se retirer une fois le succès financier atteint. « On n’a pas la même mentalité qu’aux États-Unis, a-t-il ajouté. Est-ce que Mark Zuckerberg a encore besoin de travailler? Et pourtant, il le fait! » Maher Kooli et Luc Filiatreault ont souligné les succès récents de certaines entreprises québécoises, comme Lightspeed et Lion Electrique, qui ont réussi leur entrée en bourse. « En démystifiant le concept de l’IPO, ça va encourager plus d’entreprises à faire ce virage. »
Il faut être prêt à rendre des comptes pour devenir une entreprise cotée en bourse, avertit toutefois le président de mdf commerce. « La reddition de comptes, c’est la principale différence entre la gestion d’une entreprise publique et privée. À la différence d’un boulanger qui lance son commerce avec ses fonds personnels et qui gère seul l’entreprise, les investisseurs exigent une grande transparence. »
Finalement, la discussion a porté sur la finance durable, qui considère également des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Pour Luc Filiatreault, « il est très sain de se donner ces critères extra-financiers. On ne peut plus simplement récompenser les performances financières des entreprises ».
Le public a pu poser des questions aux deux experts, qui ont abordé l’enjeu des fusions-acquisitions, de la réputation et des mécanismes alternatifs à l’IPO.
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Renforcer la formation et la recherche
La discussion a permis de mettre en lumière l’expertise en gestion de portefeuille, soutenue par la Salle des marchés et par la Chaire CDPQ, dont l’apport au niveau de la recherche et de la formation est considérable. « En 5 ans, 35 rapports scientifiques ont été publiés ou acceptés pour publication dans des revues académiques, et 5 livres sont parus grâce au travail de l’équipe », a souligné le doyen de l’École des sciences de la gestion, Komlan Sedzro. La formation de la relève est aussi au cœur des préoccupations de la Chaire, qui, en plus de diriger une trentaine d’étudiants et d’étudiantes aux cycles supérieurs, a contribué à la mise à jour de l’offre de cours en gestion de portefeuille et participe régulièrement à des activités pour le grand public afin de favoriser une meilleure compréhension de l’industrie de la gestion de portefeuille. « La Chaire contribue à la production précieuse de nouvelles connaissances pour le monde des affaires », a ajouté le doyen.
Quant à la Salle des marchés, inaugurée en 2017, elle permet aux étudiants et étudiantes d’acquérir une expérience pratique, en plus de jouer un rôle clé en recherche appliquée, en permettant de mener des projets portant sur la construction de nouveaux indices ou de nouveaux instruments financiers. Le directeur général de la Fondation de l’UQAM, Pierre Bélanger, a remercié la CDPQ et la Bourse de Montréal pour leur généreuses contributions dans le cadre de la campagne 100 millions d’idées. « C’est un atout majeur pour notre université de pouvoir compter sur un savoir de pointe en gestion de portefeuille et de pouvoir former la relève dans ce domaine qui touche autant aux préoccupations du monde des affaires qu’à celles de l’ensemble de la société. Merci à la Bourse de Montréal et à la Caisse de dépôt et placement du Québec pour leur confiance et pour leur générosité », a-t-il conclu.