Formée de quatre professeurs du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM (Kristian Behrens, Julien Martin, Florian Mayneris et Marlon Seror) l’équipe de recherche Développement économique et inégalités des territoires (DEIT) a pour mission de produire et de diffuser des connaissances sur les dynamiques économiques et résidentielles des régions, des villes et des quartiers. Plus spécifiquement – et en plus de s’engager activement dans les réseaux académiques internationaux – l’équipe souhaite s’appuyer sur ses expertises pour s’insérer dans le débat public entourant dynamiques résidentielles des villes et des territoires en tentant de répondre aux questions non seulement des décideurs publics, mais également de toutes les parties prenantes au débat. Au cours des prochaines années, le DEIT s’engage à diffuser les résultats de ses analyses et de ses travaux de recherche en organisant des événements et activités en lien avec les thématiques relevant de leurs expertises.
Le nouveau site Web de l’équipe maintenant en ligne.
Concilier le développement urbain et la mixité sociale en période de crise de logement, est-ce possible ?
Cette question d’actualité a été lancée par le CIRANO, en collaboration avec le DEIT et le Pôle sur la ville résiliente de l’UQAM, à un panel d’experts animé par Isabelle Ducas (La Presse) le 6 décembre dernier à la BANQ. Le professeur Florian Mayneris en a ainsi profité pour présenter les plus récents résultats de recherche de l’équipe du DEIT portant sur le sujet. À travers l’exemple de la transformation du Canal-de-Lachine en parc linéaire, il démontre que la revitalisation d’un quartier peut effectivement mener à l’embourgeoisement de ce dernier. Selon lui, les villes sont prises avec un dilemme : elles doivent certes répondre aux impératifs de la transition écologique (p. ex. verdissement, amélioration de l’offre de transport en commun), mais ces investissements peuvent provoquer une hausse des prix des logements et empêcher les personnes moins nanties de vivre dans les quartiers qui bénéficient de ces investissements.
Pour faire face à ce dilemme, le professeur Mayneris identifie trois types de mesures : 1) extraire une partie du parc de logements de la logique de marché et se tourner vers le développement de logement social et communautaire; 2) orienter l’action des promoteurs et des propriétaires privés, par exemple en taxant certains comportements non-désirables et en finançant les bonnes pratiques; 3) simplifier les processus de construction de nouveaux projets en revoyant la règlementation qui empêche ou ralentit certaines initiatives.
Bien conscient que ces mesures à elles seules ne peuvent pas tout régler, Florian Mayneris et son équipe suggèrent de s’appuyer sur les données massives pour être en mesure de cibler certains secteurs prioritaires et d’orienter les actions en faveur de la mixité sociale (Behrens, Martin, Mayneris, 2020).
D’autres intervenants et intervenantes invité.e.s (Francis Cortelino, SCHL; Jean-Philippe Meloche, Université de Montréal; Catherine Fournier, Ville de Longueuil, Isabelle Melançon, Institut de développement urbain du Québec et Sébastien Parent-Durand, Alliance des corporations d’habitations abordables du territoire du Grand Montréal) ont enrichi la discussion proposant également des solutions à la crise du logement qui sévit présentement au Québec tout en étant soucieux de ne pas amplifier le phénomène de l’embourgeoisement. De la création de logements sociaux et communautaires (passer de 5% à 20% du parc de logements locatifs) à l’abolition de la taxe sur les matériaux de construction qui fait grimper les prix des nouveaux immeubles, ou encore de la révision des règlements et des normes d’urbanisme, tous s’entendent pour dire qu’il n’existe pas de solution simple à ce problème complexe, mais qu’il est urgent d’impliquer toutes les parties prenantes (publiques, privées et communautaires) dans le débat afin de mettre en œuvre des solutions durables pour le Québec.