Avec son collègue de l’ENAP, Andrew Webb, la professeure Amélie Cloutier (stratégie, responsabilité sociale et environnementale) a récemment publié un article dans le Journal of Management Inquiry portant sur « L’effet Rudolphe », un concept qui met en lumière comment les personnes ou groupes marginalisés et non-conformistes peuvent être redéfinis comme étant des membres précieux d’une équipe de leadership. Dans leur article, Webb et Cloutier expliquent :
« Dans le conte populaire, Rudolphe, le petit renne, est ostracisé pour sa différence en raison de son nez rouge unique qui brille. Cependant, il est ensuite reconnu comme un atout précieux et se voit offrir la possibilité d’utiliser son talent spécial pour guider le traîneau du Père Noël à travers une tempête, sauvant ainsi Noël ».
Cette façon d’appréhender le leadership tranche nettement avec une vision plus traditionnelle où l’accent est davantage mis sur des individus définis comme étant plus charismatiques avec des capacités hors du commun.
Le cas du sauvetage d’une équipe de jeunes joueurs de soccer en Thaïlande en 2018
Les deux auteurs utilisent l’exemple du sauvetage de jeunes joueurs de soccer prisonniers d’une grotte en Thaïlande en 2018. Cette histoire extraordinaire avait tenu en haleine la planète entière qui espérait évidemment un dénouement heureux. Des milliers de personnes avaient été monopolisées, dont l’armée thaï et même le millionnaire Elon Musk. Finalement, le succès de cette mission a été principalement attribué à des plongeurs de grottes avec une expertise inusitée et qui selon leurs dires, ont souvent été perçus comme des personnes avec un étrange hobby et sans habiletés sociales particulières.
Bien que ces plongeurs aient été des experts dans leur domaine, leur rôle dans ce sauvetage a été atypique et les a placés en position de leadership peu conventionnelle. Ce scénario illustre comment le leadership peut émerger de manière inattendue, en dehors des structures de commandement traditionnelles, en réponse à des crises complexes.
Ce qu’il faut retenir
À travers cet exemple, les auteurs démontrent que l’Effet Rudolphe, qui décrit certains individus comme ayant des compétences non-conventionnelles peuvent être d’une grande utilité dans certains contextes et faire preuve de leadership face à certaines situations. Ces compétences dites « hors-normes » ou même parfois « étranges » ou « extrêmement pointues » devraient par ailleurs être encouragées et valorisées, par exemple par des gestionnaires d’entreprises ou d’organisations. On ne sait jamais à quel moment ces compétences pourraient contribuer à résoudre des problèmes ou à apporter des solutions innovatrices.
Pour lire l’article
Webb, Andrew et Amélie Cloutier (2024), “It Had to Be Us”: The Rudolph Effect and the Inclusion of Unconventional Leaders, Journal of Management Inquiry.