Entrepreneur social, François-Xavier Michaux a plongé corps et âme dans l’aventure entrepreneuriale lorsqu’il a cofondé Exeko en 2006. Il codirige aujourd’hui cette organisation qui a pour mission l’inclusion et la transformation sociale par l’innovation et la créativité.
Titulaire d’une double maîtrise en gestion de projet et en ingénierie d’affaires et d’un baccalauréat en économie, l’entrepreneuriat social, l’innovation managériale, les modèles d’affaires innovants et le développement organisationnel sont parmi ses champs de prédilection.
François-Xavier Michaux a reçu la Médaille de la Paix en 2009, le Prix Coup de Cœur de l’ESG UQAM en 2011, le Prix du public Impact 8 en 2015 et le Prix Inspiration Jeunesse de la Fondation Québec Jeunes en 2016. Avant la création d’Exeko, il a notamment travaillé comme chargé de projet au Cirque du Soleil et à Culture pour Tous.
Qu’est-ce qu’Exeko ?
Exeko, c’est un organisme à but non lucratif d’innovation sociale qui emploie à la fois des approches pratiques de médiation intellectuelle et culturelle et des approches systémiques inspirées de l’innovation sociale comme moteurs de transformation sociale, afin d’agir positivement sur la société, individuellement et collectivement : émancipation intellectuelle, prévention de l’exclusion (itinérance, crime, suicide, toxicomanie), participation citoyenne et culturelle, inter reconnaissance, renforcement identitaire, persévérance scolaire, etc.
Les actions prennent la forme de programmes qui s’appliquent à différentes populations. Il y a, par exemple, une caravane philosophique et culturelle qui parcourt les rues de Montréal à la rencontre des personnes en situation d’itinérance.
Les programmes d’Exeko empruntent l’esprit critique et visent l’inclusion sociale pour les personnes en situation d’exclusion : les personnes en milieu carcéral, les nouveaux arrivants, les Autochtones, les personnes en situation d’itinérance… Depuis 2006, en partenariat avec des centaines d’organismes au travers le Québec et le Canada, Exeko a porté plus de 400 projets et rejoints plus de 20 000 participant(e)s parmi les plus vulnérables.
Exeko, c’est aussi une équipe de 40 personnes ; la moitié sont responsables de la coordination des programmes, des communications, des partenariats et de l’administration, et l’autre moitié sont des intervenant(e)s terrain, dits médiateurs et médiatrices, qui proviennent de profils artistiques ou réflexifs (philosophie, anthropologie, sociologie) et qui sont formé(e)s aux pratiques de médiation. Ils travaillent main dans la main avec des profs, des travailleurs sociaux, des travailleurs de rue, etc. C’est aussi entre 100 et 150 bénévoles actifs.
Quel est ton parcours à l’ESG ?
J’ai obtenu mon diplôme en 2008 du programme de maîtrise en gestion de projet, profil coopératif. C’était dans le cadre d’un programme d’échange avec l’UQAM qui permettait l’obtention d’un double diplôme.
J’ai profité de mes études à l’ESG UQAM pour travailler sur des projets qui m’intéressaient, dans les champs de pratique tels le communautaire, la culture, l’économie sociale ou encore l’entrepreneuriat social et collectif, etc.
Quel a été le plus grand défi rencontré lors de la création de l’entreprise ?
La recherche de financement est un défi récurrent, et ce depuis le début. Comme Exeko est sur un modèle social, la majorité de notre financement provient des gouvernements et des fondations. C’est un travail d’acharnement d’aller chercher les moyens nécessaires ; nos actions sont en quelque sorte limitées par les budgets et non pas par le besoin social.
Un autre grand défi, c’est de faire comprendre et de faire accepter les innovations qu’on propose. Les premières années d’Exeko, lorsqu’on proposait d’utiliser la philosophie pour contribuer à l’inclusion (et non uniquement l’intégration) sociale des plus marginalisés ; les gens nous disaient « voyons donc ça n’a pas d’allure ! » Jusqu’à ce qu’on l’essaie. Et que ça marche… C’est difficile de franchir la résistance naturelle de la société face à l’innovation. Il ne faut pas être trop pressé ni trop se disperser ! Aujourd’hui, plus de 10 ans plus tard, le développement de l’esprit critique est reconnu comme une approche essentielle pour l’inclusion sociale. Comme quoi, ‘’ça avait de l’allure !’’.
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
À court terme, j’ai un objectif récurent de consolidation de l’organisation, de son financement, de son équipe, etc. Il faut toujours trouver le juste équilibre entre consolidation et développement.
La liste des projets à venir pour les prochains mois est déjà bien remplie. Nous allons aménager et lancer une nouvelle vanne à l’automne pour notre programme idAction Mobile à Montréal. Toujours à Montréal, nous ouvrons de nouvelles collaborations dans de nouveaux quartiers comme Montréal Nord, Hochelaga Maisonneuve ou encore le Sud-Ouest afin de proposer des projets qui permettent de rejoindre notamment les nouveaux arrivants et les jeunes. Nous avons également beaucoup de projets à venir en milieu autochtone, en milieu urbain à Montréal ou à Val d’Or, mais aussi beaucoup dans les communautés éloignées, au Nunavik et dans les autres régions du Québec.
La recherche et développement occupe également une part importante des projets en cours et à venir que ce soit par le biais de nos laboratoires d’innovation sociale, des collaborations avec des universités, ou encore différents projets de mobilisation et de transfert de savoirs. C’est un volet plus méconnu de l’action d’Exeko, mais non moins essentiel, car il vise davantage à éprouver et documenter des innovations, et ultimement à rendre plus inclusives les pratiques des institutions et des organisations de notre société.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui démarre son entreprise ?
Je lui dirais d’oser l’aventure, c’est magnifique, c’est enrichissant, c’est stimulant, et c’est plein d’apprentissages. Je conseillerais aussi de savoir s’entourer dès le début et tout au long du chemin. Évidemment, il faut savoir apprendre de ses échecs ; les échecs sont les plus belles opportunités d’apprentissage. Et il faut de la patience, être résistant, être résilient. Le parcours entrepreneurial n’est pas un sprint, c’est un marathon. Il faut savoir prendre soin de son énergie et savoir célébrer les bons coups en cours de route.
Aussi, pour laisser parler mes convictions, je dirais qu’il faut toujours se poser les questions au niveau de l’impact social de son entreprise, qu’il faut être responsable…
Quelle est ta plus grande réalisation/fierté dans cette aventure ?
Difficile d’en retenir une plus qu’une autre. Je dirais, d’un point de vue macro, que c’est tout le tout le chemin parcouru depuis plus de 10 ans ; toutes les personnes que le projet a rassemblées, toutes les personnes qui ont été transformées, tant les participants que l’équipe, les bénévoles. Je suis fier d’avoir contribué à cet impact.
Aussi, je suis fier d’avoir instigué autant d’actions en milieu autochtone, les besoins sont énormes, et c’est un des plus grands défis actuels et à venir pour le Canada.