L’économie de seconde main continue de représenter une part importante et régulière de l’activité économique globale au pays. C’est ce que révèle la quatrième édition de l’Indice Kijiji de l’économie de seconde main, dévoilé le 20 février par l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l’ESG UQAM et Kijiji. L’étude est réalisée par Fabien Durif, professeur au Département de marketing, Vice-doyen à la recherche et Directeur de l’OCR, Manon Arcand, professeure au Département de marketing, Marie Connolly, professeure au Département des sciences économiques et Myriam Ertz, chercheure associée à l’OCR et professeure adjointe à l’UQAC.
En effet, l’Indice Kijiji de l’économie de seconde main de 2018 relève une augmentation de 23,8% dans l’échange de biens d’occasion en 2017, par rapport à l’année précédente, avec au total plus de 2,3 milliards d’objets échangés. Rien qu’en 2017, les Canadiens ont dépensé 28,5 milliards de dollars en biens d’occasion. Ce chiffre représente 1,34% du PIB annuel total du Canada, ce qui peut être comparable à plus du double des industries des arts, des spectacles et des loisirs au pays (13,3 milliards $). Si la contribution à l’économie à seconde main augmente d’année en année dans l’ensemble du pays, les Québécois continuent de tirer de l’arrière et prennent du retard par rapport aux autres provinces canadiennes. En effet, si l’Indice de la province est demeuré constant tout au long de 2015 et de 2016, classant le Québec à l’avant-dernier rang canadien pour une troisième année consécutive, cette année, la belle province subit une baisse marquée de quatre points : les Québécois ont donné une seconde vie à seulement 63 biens, loin derrière l’Ontario (92) et l’Alberta (90), ainsi que de la moyenne canadienne (80).
L’Indice Kijiji de l’économie de seconde main 2018 révèle plusieurs autres faits intéressants quant aux impacts sur nos vies :
- Parmi tous les biens de seconde main acquis, 45,5 % sont offerts en cadeau, principalement à des membres de la famille (surtout des enfants).
- Les femmes (Indice de 84,5 vs 74,2 pour les hommes) et les 25-44 ans sont plus actifs dans l’économie de seconde main. Ce sont les changements de vie qui ont les répercussions les plus importantes sur la disposition des Canadiens à participer à l’économie de seconde main : ex. diminution du revenu familial, déménagement, perte d’un emploi, etc.
- En 2017, chaque Canadien a réalisé des gains moyens d’environ 1 134 $ en vendant les biens dont ils n’avaient plus besoin (436 $ pour le Québec) et ont économisé en moyenne 825 $ en achetant des biens de seconde main au lieu de biens neufs. Cela peut se traduire par des bénéfices financiers totaux de près de 2 000 $ par personne. Le montant moyen gagné par les Canadiens en vendant des biens est environ 100 $ de plus, que le montant de l’année dernière, représentant une augmentation de 9,3 %, soit nettement plus que le taux d’inflation.
- Si les vêtements, chaussures et accessoires (32,2 %) restent les biens les plus couramment échangés, les Canadiens préfèrent acheter certains types de biens de seconde main que d’autres : voitures et camions (9,6 %), biens de divertissements (5,7 %), meubles (5,0 %).
- Lors d’acquisition de biens, les motivations sont essentiellement économiques (réaliser des économies/profiter des aubaines) et écologiques (recycler les biens non désirés d’autrui, protéger l’environnement). Lors du délaissement de biens, elles sont plus d’ordre pragmatique (chercher à se départir de choses qui ne sont plus utiles) et altruiste (faire quelque chose de bien en aidant les moins fortunés)
À propos de l’Indice Kijiji de l’économie de seconde main
Lancé en 2015, l’Indice Kijiji de l’économie de seconde main est une étude visant à mesurer l’apport substantiel de l’économie de seconde main, un phénomène en croissance, à l’activité économique du pays, ainsi que le comportement des consommateurs qui se tournent vers ce mode de consommation. L’Indice évalue l’intensité des pratiques d’acquisition et de délaissement dans 22 catégories de biens à partir des comportements d’achat/vente, de don, d’échange et de location sur l’ensemble des canaux commerciaux et non commerciaux. L’étude 2018 a été menée auprès d’un panel Web de citoyens représentatifs des provinces canadiennes. Au total 5625 personnes ont répondu à l’enquête.