Le 5 décembre dernier, la Chaire sur la décarbonisation, l’Observatoire sur l’Agenda 2030 des Nations Unies, l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) et l’Institut des sciences de l’environnement ont réuni trois panélistes pour faire un retour sur leur participation à la COP29 qui s’est tenue du 11 au 22 novembre dernier à Bakou en Azerbaïdjan : Garth Ehrhardt, Directeur, Environnement et Changement climatique Canada, Mark Purdon, professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM et titulaire de la Chaire sur la décarbonisation ESG UQAM et Valériane Thool, chercheuse postdoctorale à l’Université de Sherbrooke et à l’Université d’Ottawa. La table ronde était animée par Olivier Barsalou du Département des sciences juridiques de l’UQAM.
À la COP29, souligne le premier panéliste Garth Ehrhardt, le Canada a participé à des négociations cruciales aboutissant au nouvel objectif collectif chiffré pour le financement de l’action climatique aux pays en développement : un engagement des pays développés à mobiliser 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour le financement climatique, de diverses sources publiques et privée. Ces avancées reflètent une reconnaissance de l’insuffisance du modèle précédent pour le financement climatique, qui visait 100 milliards de dollars par an. Il a également été convenu à la COP29 d’élaborer une feuille de route d’ici à la COP30 afin de déterminer comment augmenter le financement de la lutte contre le changement climatique pour atteindre les 1 300 milliards de dollars que beaucoup estiment nécessaires.
Pour M. Ehrhardt, la COP29 aussi a permis de consolider certains mécanismes comme les marchés du carbone, perçus comme prometteurs pour générer des financements efficaces. Cependant, l’absence de nouvelles étapes sur la transition énergétique déçoit. Malgré tout, les résultats obtenus en matière de financement climatique et de marchés du carbone offrent des raisons d’être optimiste indiquant un potentiel accru pour catalyser des investissements dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.
Dans sa présentation, Mark Purdon a insisté sur l’ampleur du défi à relever en matière de financement climatique. Comment trouver autant de milliards de dollars ? Comment mobiliser ces ressources ? Le professeur Purdon a souligné que l’engagement précédent de 100 milliards de dollars par an pour le financement de la lutte contre le changement climatique a été atteint en 2022, soit deux ans plus tard que prévu. Il a également souligné que près de 80 % de cet engagement financier pour le climat était soutenu par l’aide publique au développement (APD) et que cette APD pour le climat a augmenté au cours des dix dernières années pour représenter près de 50 % de l’APD totale des pays riches. Il est loin d’être évident que l’APD puisse continuer à jouer un rôle aussi important, ce qui signifie qu’il est de plus en plus important d’allouer de nouvelles sources de financement pour la lutte contre le changement climatique.
Comme nouvelles sources de financement climatique, des solutions innovantes existent. Parmi celles-ci, il mentionne les marchés du carbone, les politiques commerciales internationales, la remise de dette ou l’imposition de nouvelles taxes mondiales. Par ailleurs, des initiatives telles que la décarbonisation des chaînes d’approvisionnement ou l’exportation de technologies propres doivent être accélérées. Cependant, les défis administratifs, comptables, et politiques liés à la mobilisation de ces ressources restent colossaux, d’autant plus dans un contexte géopolitique mondial tendu.
Enfin, la chercheuse Valériane Thool a jeté un éclairage sur la transparence et le renforcement des capacités, deux éléments au cœur des discussions sur la mise en œuvre des politiques climatiques. La COP29 marque une étape importante, selon elle, avec la publication des premiers rapports biennaux des États, favorisant le partage d’informations et l’établissement d’un consensus international. Ces rapports permettent de suivre l’utilisation des fonds, de promouvoir des projets exemplaires et de renforcer la confiance entre les parties. Cependant, ces progrès demeurent insuffisants pour répondre aux attentes des pays les plus vulnérables, qui réclament un soutien accru pour atteindre leurs objectifs climatiques. La voie vers une justice climatique globale reste semée d’embûches, nécessitant des efforts concertés et ambitieux.