Dans un monde en constante évolution, la gestion de projet agile se démarque par sa capacité d’adaptation pour passer à travers les changements d’époques.
L’École des sciences de la gestion de l’UQAM propose un tout nouveau programme sur le sujet.
Un nouvel engouement
Selon Pierre-Luc Harvey, diplômé de la maîtrise en gestion de projet de l’ESG UQAM qui accompagne au quotidien plusieurs équipes, l’agilité représente un attrait majeur pour recruter et garder ses employés dans un marché de l’emploi tel qu’on le connait. « C’est gratifiant de travailler dans une équipe agile. Le droit à l’erreur, l’amélioration continue, l’humain et la collaboration… moi, c’est l’un des aspects qui me parle le plus dans mon quotidien. Livrer de la valeur à nos clients dans un contexte humain et mobilisant, c’est aussi ça l’agilité ».
Mais qu’est-ce que l’agilité ?
L’agilité est la capacité à intégrer les changements tout en collaborant étroitement avec les clients. C’est favoriser des équipes stables, multidisciplinaires et autonomes, qui travaillent à un rythme soutenable et régulier. C’est également une manière de saisir des opportunités, de réagir à des événements et de naviguer dans des contraintes serrées, lorsque la solution n’est pas connue d’avance.
La pandémie comme prise de conscience
La pandémie de COVID-19 et l’augmentation soudaine du travail à distance sont des exemples qui ont mis en relief la capacité des organisations à s’adapter rapidement ; certaines avec plus de succès que d’autres. Les projets sont de plus en plus complexes et les attentes, de plus en plus grandes. En 2023, la pénurie de main-d’œuvre et la capacité de livraison amoindrie font qu’il faut être capable d’intégrer les collaborateurs rapidement. Cela illustre la pertinence accrue de l’agilité dans un contexte toujours plus complexe.
Alors qu’un nombre grandissant d’organisations et d’individus aspirent à devenir plus agiles, la question suivante se pose : est-ce que l’agilité s’enseigne ? Oui, elle s’enseigne, s’expérimente et se discute. L’ESG UQAM propose un nouveau microprogramme en gestion de projet agile qui vise à outiller les étudiants afin qu’ils évoluent dans des équipes agiles et les accompagnent, tout en développant leur capacité à remettre en question leurs croyances sur ces approches.
« Le microprogramme en gestion de projet agile s’articule autour de trois cours : un portant sur les outils et pratiques agiles en projet, un sur les habiletés de coaching et de facilitation et un sur l’organisation agile dans son ensemble », indique Julie Delisle, professeure à l’ESG UQAM qui a collaboré à la création du microprogramme. Il inclut également un cours présentant un survol de la gestion de projet pour ceux qui n’auraient pas de formation préalable dans ce domaine et permet donc à tout un chacun d’acquérir rapidement de nouvelles compétences.
« L’objectif sera donc d’en apprendre davantage sur les outils et pratiques agiles, mais aussi de réfléchir et discuter de ses effets et des tensions que cela peut générer », évoque Julie Delisle, dont les travaux de recherche portent spécifiquement sur le sujet. « Mettre en place l’agilité peut représenter un défi quand les organisations combinent les approches traditionnelles et agiles et manquent de cohérence entre les pratiques et les attentes » poursuit-elle. Ces défis méritent d’être pris en compte et discutés alors que la grande majorité des organisations a recourt à différents cadres, méthodes et pratiques, en plus d’avoir des contraintes qui leur sont propres.
Implanter l’agilité et son succès passe par son adaptation au contexte. Le microprogramme dresse donc un portrait de ce qu’il est possible de mettre en place dans une organisation et permet de développer les compétences qui sont clés à l’agilité.
L’évolution de l’agilité dans les organisations
Plus de 20 ans après la signature du Manifeste Agile, l’agilité poursuit sa lancée et se taille une place de plus en plus grande au sein des organisations.
Selon le célèbre Gartner Group, en 2019 la plupart des organisations utilisaient ou planifiaient utiliser des approches agiles et 95 % des répondant.e.s au « 14th Annual State of Agile Report » de 2020, rapportaient que leur organisation utilise des méthodes de développement agile.
L’agilité a évolué dans les 20 dernières années. « Avant il y avait une opposition distincte entre traditionnel et agile, mais c’est moins le cas maintenant. Les organisations qui réussissent sont celles qui intègrent l’agilité à leur culture existante, qui sont capables de voir les améliorations », illustre Mathieu Boisvert, chargé de cours à l’ESG UQAM et coach agile.
Ainsi, l’accompagnement est la clé, autant dans l’implantation de l’agilité que dans sa pratique en continu. « Un coach agile permet d’identifier les opportunités d’amélioration en tenant compte des spécificités de l’organisation dans la stratégie d’adoption de l’agilité », mentionne Simon L’Écuyer, diplômé de la maîtrise en gestion de projet à l’ESG UQAM et coach agile. « Être coach agile, c’est créer un cadre qui permet aux équipes d’identifier des solutions agiles face aux défis auxquels elles sont confrontées, et leur permettre de faire évoluer leurs pratiques dans l’action et l’expérimentation », ajoute-t-il.
Un état d’esprit avant tout
L’élément moteur de l’agilité est l’amélioration continue, ainsi qu’un état d’esprit en mode apprentissage. Car après tout, la question n’est pas d’être ou de ne pas être agile, mais d’aspirer à le devenir un peu plus chaque jour. Alors que les approches agiles ont fait leur place dans plusieurs organisations de différents secteurs, il s’agit maintenant de trouver et d’adapter les pratiques agiles qui conviennent afin qu’elles représentent une source d’avantage autant pour les organisations, que pour les individus qui y œuvrent.